C’est encore à la télé qu’on peut entendre le vrai monde
Je ne regarde jamais les nouvelles la journée du budget. Ce n’est certainement pas par manque d’intérêt : j’ai l’air d’un enfant devant une confiserie lorsque j’attends pour entrer au huis clos. Et comme je passe les six heures suivantes à m’empiffrer dans un plat de bonbons pour geeks de politiques publiques, j’ai une petite indigestion après...
Étrangement, cette année aura été une exception. Ce qui m’aura permis de tomber face à face, seul devant une télé de chambre d’hôtel, sur ma nouvelle de la semaine.
La famille québécoise ne sait pas trop ce qu’elle va faire de la principale mesure annoncée par Québec pour l’aider à affronter une inflation galopante.
Le message de la famille québécoise était d’une simplicité désarmante : elle attendait « un miracle », même si c’était dit avec un brin d’ironie par cette mère de famille monoparentale que Radio-Canada a rencontrée (voir le reportage qui débute à 5:40 du TJ).
Sa réponse en apprenant qu’elle recevra 500 $, comme une grande majorité de contribuables, n’avait pas besoin de mots (elle n’en avait pas d’ailleurs). Le désarroi se voyait dans ses yeux, malgré les verres fumés. On l’aurait vu à travers un masque de procédure. Pourtant, les études de cas des relationnistes regorgent d’exemples de réponses cinglantes, de clips parfaits pour le petit écran. Mais lorsque c’est une citoyenne qui s’ouvre, l’impact est décuplé. La télévision a encore cet incroyable pouvoir de nous faire vivre les gens dans l’actualité. Même si nous sommes à l’époque du numérique. Même si on parle de chiffres. Les journaux font parler les décideurs et les experts. Les médias sociaux nous « imposent » ceux qui s’inventent experts. La radio a ces moments où elle nous permet d’écouter la colère et les frustrations des citoyens.
Mais encore aujourd’hui, c’est la télévision qui a le pouvoir de nous montrer les choses. De nous les faire sentir. La mesure proposée n’est pas banale et a de quoi faire réagir. Évidemment, comme toute mesure prise par un gouvernement, elle a du bon et du mauvais, on n’y échappe pas. On peut difficilement reprocher au gouvernement d’utiliser un moyen qui se met en place aussi rapidement, aussi simplement, vu l’ampleur de la situation. De la même façon, on peut difficilement reprocher aux oppositions de souligner l’électoralisme ou l’iniquité de la mesure : il est clair que tous les contribuables n’ont pas le même bateau pour traverser la tempête.
Mais ultimement, ce sont les citoyens qui vont en juger, à quelques mois des élections, à travers leur quotidien. Leur quotidien, il ne se lit pas. Il ne s’entend pas. Il se vit. Certains diront que Facebook aussi nous le fait vivre. Mais jamais autant qu’à la télé. Au fond, ma nouvelle de la semaine est peut-être là. Même quand on parle d’économie et de finances publiques, même dans un environnement qui carbure de plus en plus au numérique, c’est encore la télé qui nous garde groundés avec le vrai monde, ceux pour qui nos gouvernements dessinent les politiques et les budgets.