Pour le Jour de la Terre, parlons-nous!
Il y a une tendance inquiétante et drôlement paradoxale au Canada en ce moment (qu'on peut très certainement extrapoler à l'extérieur aussi) : on remet en doute les fondements des changements climatiques et l'existence de solutions pour lutter contre ceux-ci alors que les investissements en ce sens battent des records.
Pourtant, la science est extrêmement claire à ce sujet. Les changements climatiques sont causés par les émissions de gaz à effet de serre (GES) que produisent les humains, notamment par les combustibles fossiles. Plus on en produit, plus on réchauffe la planète.
Plusieurs seront peut-être surpris en lisant ces premières lignes. Le constat que les changements climatiques sont causés par les humains est accepté au Québec depuis longtemps. Il peut sembler surprenant que ça soit maintenant remis en question.
Et pourtant. Pourtant! Depuis quelques années on assiste à une hausse du scepticisme climatique et de nouvelles formes de déni :
- Le Baromètre de l’action climatique fait état d’une hausse du sentiment d’impuissance chez les gens, une baisse de l’optimisme face au futur (21 % pensent qu’il est trop tard pour agir) et de la fatigue climatique.
- Re.Climate fait état d’une tendance à la baisse des personnes qui croient que les changements climatiques sont causés par l’humain.
La populaire campagne du parti Conservateur au Canada pour abolir la taxe carbone est un bon exemple. On l’a vu aussi en France avec les agriculteurs. Étienne Leblanc de Radio-Canada a publié une excellente analyse de ces nouveaux mouvements de déni climatique.
Le travail de fond pour planifier la lutte contre les changements climatiques a été fait. On n’aurait pas pu dire ça il y a 5 ans, mais du chemin a été parcouru depuis. On sait quelles solutions mettre en place, on sait combien de GES couper, on sait quelles technologies sont à implanter et quelles industries poseront le plus problème.
Maintenant, il est impératif de communiquer adéquatement comment ces changements prendront place et quels seront les impacts sur les populations. On doit être en mesure d’ouvrir ces discussions pour passer à l’action. De l’acceptabilité sociale jusqu’à l’implication citoyenne.
Les résultats ne seront pas immédiats, tout comme les changements climatiques ne nous affectent pas de façon immédiate non plus. On évitera probablement que la fiction rejoigne la réalité comme dans le film Le Jour d’après, tout comme la solution miracle qui réduira d’un coup nos émissions GES restera une vue de l’esprit.
C’est donc une transition que nous allons vivre. Et une transition, ça laisse beaucoup de place aux zones grises et aux doutes. En plus, les solutions et les politiques, c’est du jargon compliqué, et c’est difficilement accessible. C’est facile de devenir cynique quand le langage utilisé par nos décideurs n’est pas le nôtre. C’est spécifiquement pour cela qu’on doit impérativement vulgariser ce qui se fait pour lutter contre les changements climatiques. Sinon, on peut perdre des alliés, des citoyens qui auraient pu se mobiliser, si seulement les mesures implantées avaient bien été expliquées. Les gens se mobilisent pour défendre des causes qu’ils comprennent.
La transition pour lutter contre les changements climatiques peut signifier une amélioration de notre qualité de vie. Il suffit d’en parler de la bonne façon : on modernise nos infrastructures, on améliore la fiabilité du transport collectif, on chauffe mieux et moins cher avec une thermopompe, etc.
Cette nouvelle vague de climatoscepticisme, de déni des solutions, ou de croire qu’il est déjà trop tard, est une tendance inquiétante, qui doit être prise au sérieux. Il faut qu’on soit capable de se parler. On doit être inclusif. C’est un combat de société qu’on vit, à l’échelle de la planète. La teneur des enjeux ne fera jamais l’unanimité, mais l’urgence d’agir devrait déjà tous nous rallier.
Être inclusif, ça veut dire accepter les différences de valeurs, les différences d’idéologie politique, de droite ou de gauche, libérale ou conservatrice, pour réellement travailler ensemble. Les solutions développées dans les dernières années et la prise de conscience collective augurent bien pour l’avenir. Soyons optimistes et gardons le cap!
Pour le Jour de la Terre, parlons-nous.