• 5 septembre 2024
  • Affaires publiques et relations gouvernementales
  • Chronique, Politique
  • Écrit par : Laurent Fafard

Rentrée parlementaire de mi-mandat

Comment se préparer aux mouvements des prochaines années sur la scène gouvernementale provinciale?

En politique, une année, c’est une éternité. Mine de rien, le temps avance, et il reste environ 750 jours d’ici l’élection générale du 5 octobre 2026.

Tranquillement, mais sûrement, la date fatidique approche. Si on ne peut prédire qui gouvernera le Québec, une chose est certaine : il y aura des changements et vous pouvez vous y préparer dès maintenant. À vrai dire, une transformation du contexte gouvernemental affecte systématiquement les organisations. C’est donc le moment idéal pour orienter vos prochaines actions en matière de relations gouvernementales.

Comment notre système gouvernemental touche-t-il votre organisation?

Plus concrètement, une élection entraîne impérativement un réalignement de votre stratégie en matière de relations gouvernementales. En tant qu’organisation, vous pouvez agir selon les deux axes suivants : un changement chez les intervenants et/ou une redéfinition des priorités gouvernementales.

Le changement des acteurs et des titulaires de charge publique ouvre la voie à se (re)positionner. Ce mouvement peut devenir une belle occasion de faire valoir l’importance de vos enjeux auprès des intervenants. Ces nouveaux visages auront certainement une ouverture à comprendre les défis des multiples entreprises et leurs différentes réalités afin de forger leurs propres opinions et définir leurs orientations.

Ensuite, l’évolution du contexte modifie et crée inévitablement de nouvelles priorités. Une campagne électorale, c’est le moment de rendre des comptes, mais aussi d’établir les orientations pour les prochaines années. Un an avant les élections, soit à l’automne 2025, le ton et l’ambiance électorale se feront déjà ressentir et ce ne sera plus le moment de se préparer. Ce sera le moment d’agir. Les prochains mois seront une période cruciale pour vous (re)positionner sur l’échiquier.

Voici quelques-unes de nos recommandations :

  • Définissez vos enjeux et vos demandes pour les titulaires de charge publique.
  • Assurez-vous de mettre en place une veille stratégique des actualités politiques et des prises de positions de chaque parti politique.
  • Identifiez les intervenants les plus susceptibles de porter votre message et communiquez avec eux.

À deux ans des élections provinciales, une bonne compréhension du contexte politique actuel est essentielle afin de préparer vos interventions publiques. Nous vous proposons de faire un retour sur les enjeux et les défis que devront surmonter les différentes formations politiques dans les prochains mois.

La Coalition Avenir Québec de François Legault (CAQ)

Après un printemps plus difficile, les troupes de François Legault devront se ressaisir. Dans la dernière année, plusieurs décisions gouvernementales ont été accueillies froidement par la population. Toutefois, la CAQ possède un atout magistral : elle est au pouvoir. Les troupes de monsieur Legault doivent reprendre le contrôle du message. En tenant les rênes de l’état, la CAQ peut faire avancer des projets structurants qui sont chers aux Québécois et Québécoises et ainsi pouvoir avoir un bilan intéressant à défendre. Le message doit être resserré et l’électorat cible (essentiellement les familles habitant les banlieues des grands centres) doit se retrouver dans le narratif que construira la CAQ dans les prochains mois.

Un autre atout indéniable pour la CAQ reste l’ampleur de son caucus. Au besoin, le parti peut faire appel à ses quatre-vingt-huit députés pour porter ses messages et défendre son bilan. Il ne faudrait pas négliger cette importante délégation, qui est en mesure de parcourir l’ensemble du Québec avec une équipe déjà mobilisée et qui connait le terrain.

Cependant, tous les vieux routiers vous le diront, un caucus élargi peut aussi être source de frustration pour certains qui ne sont pas appelés à jouer le rôle qu’ils souhaitaient. De plus, l’équipe de la CAQ a une mission importante : elle doit se recentrer sur les enjeux qui comptent vraiment pour la population, en particulier pour la classe moyenne francophone vivant en banlieue, qui constitue le socle de ce parti politique.

Un des défis prioritaires de la CAQ sera de gérer efficacement les départs et d’utiliser l'occasion d’un siège vacant pour attirer de nouveaux talents, qui permettraient d’aller toucher un public différent. Le départ du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon a eu l’effet d’une petite bombe sur la colline. Bien que son désir de quitter la politique active ait fait les manchettes à quelques reprises dans les derniers mois, il est toujours périlleux pour une organisation de combler le départ d’une pointure de cette trempe et de gérer la transition. À la suite de cette nouvelle, les autres têtes d’affiche devront s’assurer de rester à l’avant-scène et de faire preuve de leadership.

Le Parti Québécois avec Paul St-Pierre Plamondon (PQ)

Le plus grand défi de Paul St-Pierre Plamondon et du Parti Québécois sera de garder le momentum dont il jouit présentement. Avec cette popularité hors de l’ordinaire, est-ce que le chef du PQ plafonnera à cause de la question nationale? De plus, avec son équipe de quatre (4) députés seulement à l’Assemblée nationale et un temps de parole assez limité, il faudra que le PQ innove afin de déceler les occasions de prises de parole publique.

Québec solidaire avec Gabriel Nadeau-Dubois (QS)

Après le départ fracassant d'Émilise Lessard-Therrien, Gabriel Nadeau-Dubois semble avoir bien repris la situation. Son leadership est maintenant cimenté jusqu’à la prochaine campagne électorale. Le plus grand défi de Québec solidaire réside dans son positionnement. Comptant présentement sur le soutien d’une tranche de la population majoritairement montréalaise et jeune, les stratèges doivent trouver une manière d’atteindre un plus large public dans leurs prises de position s’ils souhaitent augmenter leur députation. Québec solidaire doit donc prendre la route et poursuivre le travail bien entamé par sa députée Ruba Ghazal, qui a profité de la période estivale pour faire une tournée régionale visant à rencontrer les citoyens des différents coins de la province.

Le Parti libéral du Québec (PLQ)

La course à la chefferie dictera le ton pour ce parti qui se cherche une âme et surtout une cause. Pour le PLQ, une question cruciale se pose : comment se redéfinir après tant d’années d’existence? Il faudra trouver des candidats qui voudront parler d’idées et surtout qui voudront parcourir le Québec. Au-delà de sa notoriété, le nouveau chef devra manifester une forte volonté de sillonner nos routes. Cette course à la chefferie sera l’occasion rêvée de travailler l’ensemble des régions. C’est le moment de bâtir une plate-forme ayant des propositions et des engagements qui ramèneront les électeurs francophones ayant délaissé le PLQ pour d’autres options depuis plusieurs années.

Les prochaines années s’annoncent très intéressantes sur la scène politique et risquent de ne pas être un fleuve tranquille. Les quatre partis à l’Assemblée nationale ont du pain sur la planche, mais vous aussi. N’attendez pas. Préparez vos stratégies de relations gouvernementales. N’hésitez pas à nous mettre au défi : notre clan est prêt à vous faire sortir du lot auprès du gouvernement dans les prochains mois!