• 30 juillet 2024
  • Communication marketing, Communication numérique, Stratégie médias et relations de presse
  • Chronique, Communications, Médias, Technologie
  • Écrit par : Antoine Gagnon et Corine Lajeunesse

Un an après le blocage des nouvelles par Meta, sommes-nous bien informés sur les réseaux sociaux?

Contexte

Il y a un peu plus d’un an, la loi C-18 visant à encadrer les accords commerciaux équitables entre les grandes plateformes en ligne et les organisations de presse canadienne entrait en vigueur. En réponse à l’adoption de cette loi par la Chambre des communes, Meta a décidé de bloquer tous les contenus des médias canadiens sur ses plateformes, les forçant à modifier les processus de diffusion de leurs nouvelles.

À la suite de ce blocage, d’autres types de contenu « d’actualité » ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux. Depuis quelques mois, et de manière assez fulgurante, nos différents fils d’actualité sur les plateformes socio-numériques, en particulier Facebook, se sont remplis de publications provenant de liens inconnus annonçant des nouvelles plus que dramatiques à propos de personnalités québécoises connues, comme Maripier Morin et Normand Brathwaite. De plus, les visuels de ces publications sont accompagnés de logos de médias canadiens présentement bloqués, comme le Journal de Québec et La Presse.

Des enquêtes journalistiques ont révélé que ces articles poussent les visiteurs vers des plateformes d’investissement en ligne. Si la personne décide de ne pas investir, les escrocs harcèlent cet utilisateur et peuvent l’appeler jusqu’à plusieurs fois par jour. Pour comprendre l’ampleur de la situation, nous vous conseillons de visionner cette vidéo de Noovo Info.

Répercussions

Avec des titres accrocheurs et choquants, ce type de contenu attire l’œil d’un large public. Ainsi, si un utilisateur n’est pas bien outillé pour comprendre le fonctionnement, le pouvoir et l’impact des médias sociaux, il lui sera difficile, voire impossible, de départager le vrai contenu journalistique des fausses nouvelles.

Ce même utilisateur serait donc susceptible d’entrer dans un cercle vicieux de ciblage. En effet, la logique même d’un algorithme vise à toujours « pousser » le type de contenus déjà consulté par un utilisateur. Donc, plus vous consultez de fausses nouvelles menant à des sites malveillants, plus vous verrez apparaître ce type de contenu sur vos fils d’actualités.

De plus, ces publicités portent atteinte à la réputation de plusieurs personnalités. Par exemple, plusieurs publicités montrent le visage de Maripier Morin avec des ecchymoses. Cette image choc pousse les utilisateurs à vouloir cliquer sur ce lien, surtout lorsque le logo d’un média canadien connu y est illégalement apposé.

Pour une personnalité publique, ça devient rapidement un enjeu, car une fausse nouvelle risque de prendre des proportions démesurées sur la place publique, notamment si elle est répétée et jamais démentie. En fait, il est rare pour les personnes visées d’arriver à faire retirer ces fausses nouvelles, puisque ce type de publications est créé en continu à partir de comptes différents et en nombre imposant, rendant leur traçabilité quasi impossible.

Ces répercussions sont inquiétantes pour les utilisateurs de réseaux sociaux, tout comme pour les personnalités publiques.

Quoi faire

Avec la montée en popularité des plateformes numériques, il est à prévoir que le ciblage des utilisateurs et l’argent investi dans ce type de publicités prendront assurément de l’ampleur.

Il y a un an, une partie de la population avait déjà l’habitude de consulter les actualités directement sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ces mêmes habitudes, ancrées chez les utilisateurs, contribuent à créer le public parfait pour de fausses nouvelles.

Il n’existe pas de moyens infaillibles pour se protéger, mais nous croyons qu’il y a tout de même des éléments que les organisations et les utilisateurs peuvent mettre en place afin d’éviter ce risque.

  • Être conscient de cet enjeu
  • S’assurer de toujours partager les contenus de médias fiables (une recherche sur Google peut aider à confirmer la véracité d’un sujet)
  • S’adjoindre les services d’un gestionnaire de communauté aguerri capable de reconnaître ces contenus
  • Pouvoir compter sur un créateur de contenu en mesure de produire des publications engageantes qui se démarquent des fausses nouvelles
  • Le petit plus : Informer vos publics sur le sujet pour que vos communautés soient conscientes de l’enjeu

Il faut savoir que pour afficher du contenu commandité (publicités ou « fausses » nouvelles) sur une plateforme de Meta, les entreprises doivent suivre un processus de vérification assez rigoureux. Nous sommes donc en droit de nous interroger sur les raisons pour lesquelles ce type de contenu trouve encore son chemin jusqu’à nos fils d’actualité. Malgré sa position stricte en lien avec la loi C-18, Meta a du travail à faire pour renforcer ses processus de vérification afin d’éviter la publication de fausses nouvelles dommageables à la fois pour les médias, les personnalités et les utilisateurs.

Heureusement, le gouvernement, en collaboration avec l’Université de Montréal (UdeM) et l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila), commence à mettre en place des actions pour contrer cette problématique. Tout récemment, l’UdeM a annoncé la création d’un site web qui permettra, grâce à l’intelligence artificielle, de repérer les fausses nouvelles en ligne. De plus, la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a annoncé un soutien financier de 300 000 $ pour encourager le développement du projet. Cette initiative nous donne donc l’espoir de voir émerger une multitude d’outils qui nous aideront à renforcer collectivement notre vigilance face aux différentes nouvelles partagées.

On vous encourage aussi à continuer de consulter régulièrement les nouvelles directement sur les sites de vos médias préférés.